Maison Cocteau

La maison de Jean Cocteau est à Milly-la-Forêt dans l'Essonne. Elle vient d'être ouverte au public. Il y vécut de 1947 à sa mort en 1963. Il est enterré à la chapelle des simples à Milly.

La maison est une belle demeure avec deux tourelles.

A l'intérieur on a reconstitué le bureau, la chambre. L'ameublement, les objets anciens et la déco sont très kitch, dans le goût de l'artiste. C'est toute une époque. Il vécut là des jours heureux en compagnie de son jardinier qui était aussi son compagnon et amant.  De nombreuses photos, des dessins, des manuscrits, des fragments de films, des objets personnels permettent d'approcher une oeuvre foisonnante.  Ce que j'admire, c'est l'élégance du personnage, son raffinement et  sa capacité à passer du travail du romancier à celui du poète, du peintre, du dessinateur, dramaturge, cinéaste.

J'ai toujours un intérêt particulier pour l'endroit où les écrivains travaillaient. voici son bureau :

Dans "Opium" qui date de 1930 il développe une interessante comparaison entre le geste d'écrire et celui de dessiner. " Chez l'écrivain, la ligne prime le fond et la forme. Elle traverse les mots qu'il assemble. Elle fait une note continue que ne perçoivent ni l'oeil ni l'oreille. Elle st le style  de l'âme en quelque sorte et si cette ligne cesse de vivre en soi, si elle ne dessine qu'une arabesque, l'âme est absente et l'écrit est mort"

"Ecrire, pour moi c'est dessiner, nouer les lignes de telle sorte qu'elles se fassent écriture, ou les dénouer de telle sorte que l'écriture devienne dessin. Il y a dans le dessin une très grande puissance d'écriture, c'est  du dessin noué autrement et le dessin c'est un autre emploi de l'écriture et quand je dessine j'écris et peut-être quand j'écris je dessine"

Il a dans le dessin comme dans l'écriture la même virtuosité. Rapidité et sûreté du trait d'un côté et émergence fulgurante de la formulation de l'autre. Il est de fait que ses manuscrits sont truffés de croquis et que le texte lui-même s'installe dans la page dans tous les sens avec des rayons, des cercles, des éventails de mots. Voici un petit croquis de mode que je trouve l'expression exacte de cette idée de la "ligne" qui sous-tend l'acte créatif dont il parle ci-dessus.