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ECRIRE A L'ATELIER MOZAÎK
20 juillet 2010

potier et cordonnier

On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui disait Desproges. Mon amant, le potier du village, avait été le roi de la farce. Hélas, depuis qu'il avait ramassé une étoile de mer polluée échouée sur les récifs, il s'était converti à l'écologie. Plus rien ne l'amusait, c'en était devenu terrifiant.

Il était inépuisable sur son sujet, et je devais l 'écouter, parfois la nuit entière, alors que j e ne rêvais que d'une chose, passez-moi l'expression, qu'il me sorte enfin son outillage et que nous passions à des activités plus ludiques.

Mais plus rien ne l'intéressait, il se laissait absorber par le néant de ses palabres. Ma patience était à bout. La vie est une sacrée loterie, mais on peut tourner la roue plusieurs fois. Je décidai alors de tenter ma chance auprès du cordonnier du village voisin.

Janvier 2010

Logorallye, la suite:

Le cordonnier ce n'était pas du tout le même genre, Pas d'humour, peu loquace, pas concerné par l'écologie. Mais d'une beauté à tomber par terre. La première fois que je l'ai vu j'en ai été tellement ébahie que j'ai renversé mon panier de prunes dans sa boutique. J'ai fait ressemeler toutes mes chaussures, mais ce n'était pas suffisant pour créer un contact, Il fallait que je provoque une rencontre.

J'avais tout organisé. Sous le saule au bord de la rivière, où je l'ai aperçu plusieurs fois. Je simulerai une chute, il m'aiderait à me relever et....J'imaginais déjà sa main masser ma cheville endolorie et remonter le long de ma jambe.

Cachée dans les fourrés je l'attendais, prête à m'élancer. Un bruit de pas. Des voix. Il n'était pas seul. Une grande cruche l'accompagnait. Pas de chance.

Mon cordonnier n'avait pas bonne figure. Il était tout larmoyant , comme un enfant penaud,  un paquet dans les bras. La cruche tenait une pelle et s'est mise immédiatement à creuser.

Que vont-ils enterrer? Un cochon d'inde? Le fruit d'une liaison interdite? Un magot dérobé sans scrupules à une vieille femme?

« Allez mon Poulinou, reprends-toi «  dit la cruche. Poulinou! Comment un gars aussi sexy peut  porter un sobriquet autant ridicule!

La cruche pour l'instant c'est bien moi, coincée dans ces fourrés. Quelle galère! J'aurais mieux fait d'accepter la proposition des forains et partir avec leur troupe. Le jongleur me plaisait bien. Le problème c'était sa copine la funambule. Mais une chute est si vite arrivée. Il suffit de mal crocheter le câble et....

Une sorte de gémissement me tira de mes pensées. La cruche était agenouillée.

Elle était  encore plus moche que tout à l'heure. Elle ressemblait à un épouvantail. Avait t elle vu la diable?

Oui le diable était là, devant elle, souriant, calme, un outil de cordonnier avec une lame bien acérée dans la main...

Demain je change encore de village...

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